jeudi 24 décembre 2009

mardi 24 novembre 2009

LA TERRE MASOVIENNE DANS LES MERS MÉRIDIONALES

Puisque nous savons déjà que notre Michelinocéras (veuillez voir l'article "Un voyage dans le passé lointain") nagea quelque part entre la Poméranie et Scandinavie, essayons-nous de préciser l'endroit où dans la période d'il y a 460 à 420 millions d'années il y avait une mer peu profonde et tiède où ces créatures vivaient habituellement. Et nous ne voudrions certainement pas dire la mer Baltique, car celle-ci est une des plus jeunes mers sur la planète, ayant été formée il y douze mille années à peine. Nous ne considérons pas le fait qu'au lieu de la mer Baltique actuelle, après la fin de chaque âge glaciaire, d'immenses lacs de l'eau douce apparaissaient, en raison du glacier fondu. La dernière période lorsque un tel lac éphémère s'est produit était il y a 14 à 11 mille ans.

Tout d'abord, nous devrions dire que la croûte terrestre a été dans le mouvement constant pendant toute son histoire. Les plaques tectoniques, qui portent des continents, agissent l'un sur l'autre et se déplacent ensemble, en raison de la circulation de magma à l'intérieur de la terre. Le magma sort sur la surface de la lithosphère dans les zones dites de rift. Le schéma suivant, tiré du blog intéressant "Tour tectonique«  reflète bien le processus de division de la croûte continentale et l'éloignement des deux continents.

La configuration contemporaine des océans et des continents dure « à peine » depuis 15 millions d'années, mais elle se modifie lentement et constamment. Par exemple, l'Amérique du Nord s'éloigne de l'Europe au rythme annuel de 2.5 cm, et la croûte sous la terre massovienne baisse de 1 millimètre chaque année, tandis que de l'autre côté de la mer Baltique, dans la Scanie suédoise, elle se lève de 1.5 millimètre par an. De la perspective d'une durée de vie humaine un changement annuel d'un millimètre de mouvement de terrain n’est pas perceptible.

De même, de la perspective du temps de la terre, la période de 60.000 ans est comme un instant. Une telle période serait nécessaire pour que la mer Baltique vienne au seuil de la ville de Massovie. En fait, cela pourrait se produire encore plus tôt, si on considère le réchauffement global de la planète et par conséquent, une élévation du niveau d'eau dans les océans. Peut-être que la perspective d'une période d'une génération à laquelle l'homme limite habituellement ses réflexions sur les conséquences de ses actions, empêche notre prise de conscience du fait que nous pouvons provoquer l'accélération de certains processus sur terre qui à l'avenir qui pourraient être nuisibles à la vie humaine ou à la vie en général. Il se pourrait aussi que la raison soit du côté des sceptiques qui disent que les forces de la nature sont trop puissantes pour que l'action humaine puisse avoir une signification importante, et que la terre évoluerait en conséquence des forces de la nature, indépendamment de l'activité humaine. Revenons à l'histoire de la terre, sur l'exemple de la terre massovienne, et du lieu et la période de la naissance de notre céphalopode.
 

Jettons un coup d'œil sur la carte du monde ci-dessus de la période d'Ordovicien, lorsque l'ordre d'Orthocerida s'est séparé des céphalopodes plus anciens, probablement de la famille des Baltoceratidae. On peut voir que les contours des continents et des océans étaient très différentes de ceux de nos jours. Tous les terres dans cette période n'étaient rien que de roches nues, des sables et des boues, avec une certaine configuration des fleuves et de lacs arides. Il y avait les premiers signes de vie - des mousses, apparaissant de-ci de-là, au bord de s eaux douces et saumâtres. Tous les animaux continuaient à vivre dans les mers, et le premier poisson osseux (Osteichthyes) était alors la créature plus haute développée sur la terre. Il y avait dans l'Ordovicien un super-continent appelé Gondwana (qui combinait l'Afrique, l’Europe du Sud, l'Amérique du Sud, l'Australie, l'Inde et l'Antarctique actuelles), et des continents plus petits: Laurentia (l'Amérique du Nord et le Groenland actuels), Baltica (la Scandinavie, des parties nord de Plaines russe et polonaise), la Sibérie, Avalonia et des autres plaques tectoniques.

Nous sommes particulièrement intéressés par Avalonia, parce que beaucoup de faits indiquent que la plupart de la Poméranie actuelle se repose sur l'ancienne plaque d'Avalonia. La terre massovienne, submergée dans la mer, et localisée non lointain du Pôle du sud, a été marquée sur la carte par un point rouge. On peut supposer qu'à de telles latitudes géographiques les Orthoceridas ne jouiraient pas de conditions de vie optimales, à cause des eaux froides, du soleil rare et aussi du plancton (le menu primaire des créatures de plateau océanique) pas abondant. La Baltica, située plus au nord, donc plus proche de l'équateur, semblerait d’être un endroit plus habitable à notre Michelinocéras. L'hypothèse des savants qu'il aurait provenu de la Scandinavie pourrait également être soutenue par le fait que à ce temps-là Baltica et Avalonia restaient séparés par le fond de la mer de deux ou trois kilomètres, qui ne pourrait pas être traversé par un animal qui vivait dans les eaux de moins de 200 mètres, de profondeur, de plus qu’il n’était pas un très bon nageur. Son lieu de naissance hypothétique j'ai marqué sur la carte du monde ci-dessus par un point vert (je reviendrai sur se thème).

Dans le Silurien (le diagramme vient de Wiki), il y a environ 440 millions d'années, Avalonia « rattrappa » Baltica, se joignit à elle et forma une base commune de la plaque continentale qui avait lié Poméranie avec la Scandinavie et la partie nord-est de la Pologne. L'attachement des deux paléo-continents a été suivie dans la même période silurienne par la collision de Laurentia avec Baltica, et quelque temps plus tard, avec Avalonia. Un nouveau super-continent était né, appelé Laurussia, qui s'étendait des montagnes d'Oural d'aujourd'hui jusqu'aux montagnes Rocheuses (les deux cordillères ont été formées beaucoup plus tard).

Veuillez attirer l'attention sur le fait que le craton d'Avalonia (une partie de la plaque continentale récemment formée), indépendamment de la Poméranie sur son bout oriental, a également comporté les actuels Basse-Saxe, le Bénélux, l'Angleterre, l'Irlande méridionale, la Terre-Neuve canadienne et l'état américain de Massachusetts ! Toutes ces terres ont une base commune de roche provenant de l'Ordovicien et de Silurien. On parle de la couche la plus profonde de la croûte terrestre qui par exemple sous la terre massovienne atteint la profondeur de 35 kilomètres. La croûte océanique est beaucoup plus mince, normalement environ 5-7 km d'épaisseur. La convection mantellique dite, ou une circulation lente de la chaleur de la Terre à partir de son centre à la surface, casse croûte terrestre dans ses couches océaniques minces. Le magma libéré du manteau forme des dorsales, ce qui est bien dépeints par l'animation ci-dessous.


Le processus continu de la libération de magma le long des rides médio-océaniques, qui est une plaque tectonique, pousse les assiettes, de sorte qu'ils se déplacent sous une autre plaque tectonique de la zone de subduction dite. C'est la façon dont les continents "promener" sur la surface de l'asthénosphère, la partie supérieure du manteau de la Terre. Voici un schéma intéressant illustrant les forces qui rendent les continents en mouvement, publié sur le site de SMSTsunami Warning.

 
La croûte voisine avec une partie plus froide (environ +700°c) du manteau terrestre, qui atteint la profondeur d'environ 100 km. Et plus, en-dessous il y a ce qu'on appelle l'asthénosphère, qui se compose de magma semi-liquide de la température atteignant +1.600°C. On ne descendra pas plus bas… Avec l'écoulement du temps (mesuré en millions d'années) les roches plus anciennes ont été successivement couvertes par les couches de sédimentation plus jeunes, conformément aux périodes géologiques suivantes. On en parlera dans le prochain feuilleton.

Connaissant déjà du premier article Un voyage dans le passé profond») que le  Michelinoceras «massovien" vécut dans la période 440-420 millions d'années, revenons à la question de la localisation géographique de son existence. Après avoir étudié l'histoire naturelle de la partie poméranienne du continent, on peut supposer que cette créature vivait dans le voisinage de ce qu'il aujourd'hui est l'île suèdoise Gotland. Le dernier glacier de la période Würm a pris la coquille fossilisée de l'orthocératidé  à partir de là et posé sur le sol massovien il y'a quinze mille ans. Sur la carte provenant du papier de Trond H. Torsvik and L. Robin M. Cocks "Norway in space and time: A Centennial cavalcade" au Norwegian Journal of Geology No. 85 de l'année 2005, j'ai dessiné avec la couleur jaune de la route de transfer du fossile de l'île de Gotland en Poméranie. Je me suis permis d'ajuster légèrement le cours de la crête orientale d'Avalonie.
 

Comme vous pouvez le voir sur la carte, la zone autour de Gotland avant de 425 millions d'années, a été recouverte d'eaux peu profondes de la mer subéquatoriale, dans laquelle il y avait un intensive développement des récifs coralliens ("biohermes"). La distance parcourue par le Michelinoceras est quand même impressionnant! Bien qu'apparu dans les eaux de la plaque du nouveau-né paléocontinent Laurussie, aussi appelé Euramérique, dans le voisinage de la terre future de Poméranie (alors encore plongé dans l'océan), la créature vivait dans l'hémisphère sud.

Ses restes ont fait un voyage sur le globe de la latitude géographique d'environ 15 degrés Sud, jusqu'au parallèle d'environ 58 degrés Nord. Cela donne la distance en ligne droite de quelques 8.000 km. En fait, la route passée était beaucoup plus longue, parce que la plaque continentale vers le Nord a parcouru une sorte de "défile". Le dernier tronçon de 500 km le fossile a passé à l'intérieur du glacier, pour être finalement déposé sur le sol de Poméranie.

Tout aussi impressionnant est le voyage du Michelinoceras à travers le temps. Il est né et a vécu environ il y a 430 millions d'années. Ses restes ont été piégés dans la couche de sédiments calcaires du Silurien scandinave. Le morceau de roche de la couche originale a été prise par le glacier il y a 27.000 ans environ sur sa route vers le sud, vers la Pologne actuelle. Il a été gardé encore douze mille ans dans le corps glacial, jusqu'à ce qu'il a été libéré il y a quinze mille ans sur la terre massovienne pendant la phase de recul du glacier.

dimanche 1 novembre 2009

UN VOYAGE DANS LE PASSÉ LOINTAIN

Comment peut-on commencer un blog historique autrement que par le début ? Si nous prenons l'histoire dans son sens le plus large, qui couvre tous les événements du temps passé, une certaine difficulté apparaît pour établir « le début » avant lequel il n'y avait rien ce fut et rien ne s'est produit. Pour les historiens « réguliers » la tâche est relativement facile : le début ce fut, quand un être humain a utilisé un outil pour la première fois, il y a quelques deux et demi de million d'années. Pour les historiens traitant du sujet de Poméranie, leur intérêt ne dépasse pas habituellement la dernière déglaciation de la région il y a quatorze mille ans.

Si nous pourrions comprimer 4.5 milliards d'années de l'histoire entière de la terre en une année, un millénaire d'histoire d'un état durerait seulement sept secondes, tandis que la présence humaine en Poméranie, après la dernière déglaciation, se fermerait en une minute et demie. Et que diriez-vous du « reste de l'année » ? Que s'est produit en terre masovienne « il y a une heure, une semaine ou un mois » ? Ou, en temps réel, il y a environ un demi-million, 100 millions ou un demi-milliard d'années?

Pour les amateurs de l'histoire, et de l'histoire naturelle en particulier, je propose dans des mes feuilletons à venir un voyage dans le temps,… au fond de la terre massovienne. Que la photo ci-jointe a côté d'un fossile provenant de la terre de Massovie en soit pour une bonne raison. Elle représente une créature qui a vécu il y a quelques centaines millions d'années.

C'était sujet d'un examen effectué par des paléontologues du Musée de l'histoire naturelle au Luxembourg. M. Robert Weis et M. Dirk Fuchs ont établi que c'était un phragmocone de l'ordre de céphalopodes d'Orthocerida. Il pourrait avoir vécu dans la période géologique dite permienne ou environ 250-300 millions d'années et il a probablement été transporté de Scandinavie en Poméranie par le dernier glacier. Le genre a existé sur terre de l'Ordovicien jusqu'au Trias ou dans la période d'il y a de 490 à 200 millions d'années. M. Harry Mutvei du Naturhistoriska Riksmuseet de Stockholm a exprimé l'opinion, bien qu'après avoir vu les photos seulement, que c'était un Orthoceras provenant probablement du calcaire rouge suédois, datant de l'Ordovicien inférieur ou moyen, donc d'il y a d'environ 460 millions d'années.

Veuillez voir aussi l'ouvrage intéressant intitulé "The Ordovician Orthoceratite Limestone and the Blommiga Bladet hardground complex at Horns Udde, Öland", publié par Magnus Eriksson en 2010. L'écosystème ordovicien où les orthocératites ont vécu pourrait ressembler comme il est représenté ci-dessous.


M. Jerzy Dzik de l'Institut de Paléobiologie de l'Académie Polonaise des Sciences à Varsovie, qui a examiné les fossiles d'Orthocerida contenus dans les rochers erratiques en Pologne nordique, a confirmé qu'il s'agit de l'ordre d'Orthocerida qui, cependant, aurait appartenu au genre de Michelinoceras. Le fossile a été couvert de concrécations de calcaire de la période silurienne, donc à peu près 420 millions d'années.

Je parle de la période de création du continent européen dans les postes suivants: «La Terre Massovienne dans les mers méridionales» et «Des origines turbulentes du continent européen". Permettez-moi de présenter ici juste la carte de T. H.  Torsvik et de E. F. Rehnström de la publication "The Tornquist Sea and Baltica - Avalonia docking" (2000). La carte démontre le «moment» du fusionnement d'Avalonia et de la Baltica et le début du processus de l'échange de la faune entre les deux pré-continents.


Environ 160 espèces de Michelinoceras ont été jusqu'ici identifiées et classifiées partout dans le monde. Je me demande, à quelle espèce serait assignée le fossile massovien ou, peut-être, constituerait-il une nouvelle espèce, inconnue jusqu'ici?













La famille éteint Orthoceratidae appartenait à une sous-classe de céphalopodes appelée Nautiloidea dont ont seulement survécu, toute la vie dans les eaux Pacifiques, environ une douzaine d'espèces, hors de quelques milliers d'espèces qui ont été identifiées dans les fossiles partout dans le monde. Le sujet de Nautiloids est traité d'une manière très intéressante dans le site Web « Nautiloids : The First Cephalopods », d'où vient l'image à côté.

Ces animaux ont vécu dans la zone dite néritique du plateau continental, c'est-à-dire dans les eaux peu profondes d'une profondeur ne dépassant pas 200 mètres. Ils étaient des prédateurs qui se nourrissaient des poissons primaires, comme par exemple les sarcoptérygiens, et d'autres petits animaux. Bien que le commentaire dans le film qui suit soit en chinois, et que les poissons présentés ressemblent plutôt des espèces contemporaines,  permettez-moi de joindre cette animation qui reproduit de façon intéressante la vie Ordovicien des orthoceratidés


De telles eaux mieux sont oxygénées que ceux dans un océan profond, la plupart du temps parce que la lumière du soleil les pénètre jusqu'à la terre, de ce fait facilitant ce qu'on appelle photosynthèse qui fournit alternativement l'énergie pour développer le phytoplancton, la base de la vie aquatique et l'aliment principal des animaux qui sont plus tard apparus dans le processus d'évolution. La vie sur terre est juste apparue dans les mers peu profondes, et quand notre Michelinoceras été né, la vie palpitait principalement là…

Je vous invite pour les prochains feuilletons, où nous suivrons le voyage que notre céphalopode et le terre masovienne ont débarqués dans l'espace géographique et dans le temps jusqu'à aujourd'hui.